Le blog MPN

Le filtre anti-arnaque prévu par le gouvernement : un outil attendu

Face à la récurrence des arnaques par SMS et par mails, le gouvernement a annoncé, fin avril, la mise en place d’un « filtre anti-arnaque » qui a pour objectif de dissuader les utilisateurs de cliquer sur des liens frauduleux. 

image en noire et blanche, téléphone portable et ordinateur en second plan

Crédit : Ma Prépa Numérique

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications a annoncé le 10 mai 2023, un nouveau dispositif : le “filtre anti-arnaque”. Quelques semaines plus tôt, la Première ministre, Elisabeth Borne, avait mentionné un nouvel outil qui s’inscrit dans la nouvelle loi numérique. C’est une loi qui arrive après qu’Emmanuel Macron ait décrété “100 jours d’apaisement et d’action”. 

Un nouvel outil pour protéger les internautes

Il suffit de suivre l’actualité pour comprendre que les arnaques se diversifient. Des impôts, à l’Assurance maladie, en passant par Netflix ou le CPF (Compte personnel de formation), les arnaques par SMS et par mails explosent. Pour lutter contre ces arnaques, le gouvernement met en place un “filtre national de cybersécurité grand public”. Les avis divergent suite à cette annonce, pour Rémy Seillier, référent digital chez POP School : “le filtre anti-arnaque arrive un peu tard, il aurait fallu former les plus fragiles, ceux qui sont en fracture numérique plutôt que de dévoiler ce type d’outil.” Le filtre anti-arnaque a pour objectif de prévenir l’utilisateur lorsqu’il s’apprête à se diriger vers un site frauduleux : “tant qu’on a pas de vraie politique de sécurisation des utilisateurs, j’estime que c’est un projet qui va tenir deux ou trois ans”, ajoute Rémy. 

Jean-Bernard, stagiaire administrateur d’infrastructures sécurisées, évoque un problème qui ne vient pas seulement des SMS et des mails illicites : “plutôt que de mettre en place une application gouvernementale concernant la cybersécurité, je pense que les personnes ont surtout besoin d’une éducation.” Il rappelle également que certains systèmes d’exploitation permettent le blocage automatique de certains sites frauduleux : “sur Android, on a la possibilité d’avoir un blocage intégré par le système d’exploitation. On a toujours une possibilité de recevoir des SMS et mails frauduleux mais c’est moins risqué sur ces types d’appareils.”

L’examen du texte est prévu avant l’été au Parlement pour un déploiement d’ici à la fin d’année si celui-ci est adopté. Le “filtre anti-arnaque” devrait être lancé de façon expérimentale pour la Coupe du monde de rugby, qui aura lieu en France du 8 septembre au 28 octobre 2023. Il sera ensuite généralisé lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. Joseph Graceffa, Président du CLUSIR (Clubs de la sécurité de l’information en réseau) estime que : “ ce que fait le gouvernement pour mettre en place une application qui lutte contre les arnaques en ligne, c’est bien. Mais maintenant il faut le faire. Je ne sais pas ce que ce filtre va donner, si ça va aider les personnes ou non. J’alloue cette bonne initiative, sachant qu’en ce moment, c’est l’inflation et se faire arnaquer durant cette période c’est perdre des moyens pour vivre.” Le “filtre anti-arnaque” n’est pas la première application que l’État propose : “techniquement, mise à part nous préconiser une application gratuite, il n’y a rien de nouveau. On peut prendre l’exemple de l’application Tous Anti-Covid, elle a mis du temps à démarrer, mais les français l’ont quand même installé.” En France, le RGPD (règlement général sur la protection des données) et la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) sont obligatoires : “j’espère que l’application anti-arnaque sera bien faite, qu’il n’y aura pas de problèmes de sécurité et qu’elle respectera la loi”. Joseph Graceffa travaille dans le domaine de la cybersécurité depuis 25 ans : “de mon côté, j’ai l’impression de faire toujours le même métier qui est d’identifier une menace et apporter une solution à celle-ci. Mon métier est toujours le même mais il évolue par rapport aux technologies qui émergent. Avant, il y avait des menaces sur les ordinateurs non-connectés à internet, les pirates s’introduisaient par la ligne téléphonique sur laquelle l’ordinateur était connecté. Aujourd’hui on est tous connecté à internet et les menaces proviennent de ça”. 

Le gouvernement a décidé de sécuriser l’ordre public dans l’espace numérique avec le filtre anti-arnaque. Pour le Président du CLUSIR, il y a surtout un manque de bras dans le domaine : “si certaines personnes veulent se tourner vers ce type de carrière, il faut savoir qu’on a une nouvelle technique d’attaque tous les jours. C’est ce qui nous oblige à avoir une veille permanente. La cybersécurité est un métier d’avenir, on est les docteurs de l’informatique et ce sont les derniers métiers qui vont disparaître. Il y a de très bonnes formations, partout en France pour se former à la cybersécurité. Beaucoup d’entreprises recherchent des alternants en cybersécurité pour commencer leur carrière. C’est l’emploi d’aujourd’hui, mais aussi celui de demain”

Les attaques en ligne se diversifient au fur et à mesure du temps, ce qui pose la question des moyens utilisés par les pirates.

©Ma Prépa NumTous droits réservés – POP School